En s’emparant de Kaboul, les Talibans mettent la main sur l’une des plus grosses réserves de lithium de la planète

Il y a 2 années 1116

La question des droits humains, et en particulier du droit de femmes, se pose de manière aiguë après la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan. Malgré cela, certains pays comme la Chine et la Russie accueillent sans réserve ces nouveaux dirigeants en Asie centrale. Il faut dire que ces derniers sont désormais assis sur un trésor très précieux : l’une des plus grandes réserves de lithium au monde.

Avec le retour au pouvoir des Talibans en Afghanistan, de nombreuses questions se posent : celles des droits des femmes, l’équilibre géopolitique de la région, les influences extérieures de grandes puissances, etc. Selon une enquête du journal américain Quartz, une autre inconnue existe. Celle de l’influence de ce pays d’Asie centrale sur la transition énergétique mondiale.

Le changement des modèles de production d’énergie et le passage à la mobilité propre requièrent des minéraux et terres rares spécifiques. Or comme pour le pétrole, le gaz ou l’uranium, ces ressources sont très inégalement réparties sur la planète. "Lorsque les combattants talibans sont entrés à Kaboul le 15 août, ils ne se sont pas contentés de prendre le contrôle du gouvernement afghan. Ils ont également acquis la capacité de contrôler l'accès à d'énormes gisements de minéraux essentiels à l'économie mondiale de l'énergie propre", peut-on lire dans Quartz.

Violence et corruption

C’est le lithium auquel pense principalement le média. Ce matériau est essentiel à l’industrie des batteries, en particulier à destination des véhicules électriques. Une étude du département américain de la Défense de 2010, citée par le New York Times, décrivait l’Afghanistan comme "l’Arabie saoudite du lithium", estimant ces ressources à 1 000 milliards de dollars. Pourtant pour l’heure ces ressources, à l’instar d’autres minéraux comme le cuivre, sont quasi inexploitées en raison de la guerre passée et de la corruption.

Mais cela pourrait rapidement changer. Les Talibans à peine arrivés au pouvoir sont en train de passer des accords avec les Russes et les Chinois, dont les diplomates sont restés sur place alors que les Occidentaux quittaient en urgence le pays. Ces deux pays, ainsi que la Turquie et le Pakistan, pourraient développer, directement ou via des prêts, les infrastructures routières et ferroviaires nécessaires à l’essor du secteur minier dans le pays. Quartz écrit : "Alors que les États-Unis cherchent à se défaire de leurs chaînes d'approvisionnement en Chine, premier producteur mondial de lithium, avoir les minéraux afghans sous le contrôle des Talibans est un coup dur pour les intérêts économiques américains".

Pour Ashraf Ghani, ex-économiste et Président en fuite de l’Afghanistan, la richesse minérale de son pays est une malédiction. Dans des pays à l’administration fragile, c’est le terreau propice à la violence et à la corruption au détriment de la population. Un mal que l’Afghanistan connaît déjà : "Les talibans ont longtemps exploité illégalement les minéraux du pays (en particulier le lapis-lazuli, un joyau) comme source de revenus annuels pour leur insurrection".

Ludovic Dupin, @LudovicDupin

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