Publié le 26 janvier 2024
C'est une victoire majeure pour le climat. Joe Biden a annoncé ce vendredi 26 janvier qu'il instaurait un moratoire sur les nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) en raison notamment de l'impact de cette énergie fossile sur le climat. Alors que les États-Unis sont devenus le premier exportateur mondial de GNL, cette décision lance la campagne présidentielle sur le thème de l'écologie.
La rumeur courrait depuis quelques jours. Elle a été confirmée vendredi 26 janvier. Joe Biden a annoncé la suspension de tout nouveau permis de construction de terminaux gaziers d'exportation. "Nous examinerons attentivement les effets des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) sur les coûts énergétiques, la sécurité énergétique de l'Amérique et notre environnement", a déclaré le président américain. "Cette pause sur les nouvelles approbations de GNL considère la crise climatique pour ce qu'elle est : la menace existentielle de notre époque."
Lors d'une conférence téléphonique, la ministre de l'Énergie, Jennifer Granholm, a ajouté : "À mesure que les exportations augmentent, nous devons examiner les demandes d'exportation à la lumière des analyses les plus récentes sur le plan économique, environnemental et de la sécurité nationale". Dans l'immédiat, quatre dossiers en cours d'examen par le Département de l'énergie américain sont concernés par la suspension. En l'état, les nouveaux terminaux en gestation devaient faire monter la capacité d'exportation des États-Unis à 1,35 milliard de mètres cubes par jour, selon la ministre de l'Énergie.
Une victoire pour le climat
Anticipant un moratoire, évoqué par plusieurs médias américains, l'organisation de défense de l'environnement Sierra Club avait estimé qu'une telle décision "représenterait un changement de politique positif et significatif". Début décembre, en marge de la COP28 sur le climat, plus de 250 organisations et groupes de défense de l'environnement avaient demandé à Joe Biden de ne plus autoriser de nouveaux terminaux GNL, rappelant que le gaz naturel était une énergie fossile polluante.
"Selon l'AIE (Agence internationale de l'énergie, NDR), les deux tiers de tous les projets d'exportation de GNL actuellement en construction pourraient ne pas récupérer leurs investissements initiaux si les pays atteignent leurs objectifs climatiques. Appliquée aux États-Unis, cette prévision suggère que la capacité de liquéfaction à venir, évaluée à environ 40 milliards de dollars, pourrait être peu rentable", a commenté Robert Rozansky, analyste mondial du GNL chez Global Energy Monitor.
"L'Europe ne doit pas servir de prétexte"
Dans une lettre adressée la veille à Jennifer Granholm, plusieurs instances de représentation du secteur américain de l'énergie avaient demandé à la ministre de renoncer à ce moratoire. Elles faisaient notamment valoir que l'industrie du gaz naturel était créatrice d'emplois aux États-Unis et permettait de sécuriser les approvisionnements de l'Europe, privée de gaz russe depuis l'embargo consécutif à l'invasion de l'Ukraine. L'an dernier, environ la moitié des exportations de GNL sont allées à l'Europe, selon la Maison Blanche.
Ce à quoi une soixantaine de parlementaires européens ont rétorqué dans une lettre ouverte que "l’Europe ne devrait pas servir de prétexte pour développer les exportations de GNL qui menacent notre climat commun et ont conséquences désastreuses sur les communautés américaines". Et d'ajouter : "La consommation actuelle de gaz fossile en Europe est déjà satisfaite par les niveaux d'importation actuels et avec l'infrastructure existante".
Avec 60 parlementaires de toute l'Europe, nous appelons le Président #Biden à ne plus construire de nouvelles infrastructures pour exporter du gaz naturel liquéfié vers l'Europe.
Pour sauver le #climat, nous devons sortir de toutes les énergies fossiles, GNL compris. pic.twitter.com/9OK2B3D7qE
— Marie Toussaint (@marietouss1) January 25, 2024
Alors que les États-Unis sont devenus le premier exportateur mondial de GNL, le sujet de la transition énergétique et plus globalement du climat devrait polariser les débats à l'approche de l'élection présidentielle de novembre. Avec ce moratoire, Joe Biden envoie un signal positif et se positionne contre Donal Trump, qui met en doute le principe même du réchauffement climatique malgré le consensus scientifique existant.
Concepcion Alvarez avec AFP