La hausse de la demande d’électricité en 2021 a largement été comblée par le charbon, entraînant un record d’émissions de CO2

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Publié le 20 janvier 2022

Les centrales à charbon ont tourné à plein régime en 2021. Selon un nouveau rapport de l'Agence internationale de l'énergie, le charbon, énergie la plus polluante, a répondu à plus de la moitié de la hausse de la demande d'électricité l'an dernier. Les prévisions de l'AIE pour les deux prochaines années sont plus rassurantes même s'il va falloir nettement accélérer pour décarboner notre électricité afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

Poussée par la reprise économique et des conditions météorologiques plus extrêmes qu'en 2020, avec un hiver plus froid que la moyenne, la demande mondiale d’électricité a progressé de 6 % en 2021. C’est la hausse la plus importante en pourcentage depuis 2010, lorsque le monde se remettait de la crise financière mondiale. Mais en valeur absolue, l'augmentation de plus de 1 500 térawattheures de l'année dernière est la plus forte jamais enregistrée, selon le rapport semestriel sur le marché de l'électricité publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) le 14 janvier.

Pour répondre à cette forte demande, c’est le charbon qui a largement été mis à contribution puisqu’il a permis de combler plus de la moitié de l'augmentation de la demande, atteignant un nouveau sommet historique. L'électricité produite à partir de charbon a ainsi augmenté de 9 % en 2021, les prix élevés du gaz naturel ayant conduit à privilégier le charbon, énergie fossile la plus polluante. Les sources renouvelables ont parallèlement augmenté de 6 % en 2021, mais cela n'a pas suffi à répondre à la demande galopante.

Evolution des sources d électricites en fonction des emissions de CO2 @AIE 2022

Intensité énergétique et évolution des émissions de la production d'électricité entre 2015 et 2024 (Source : AIE).

Des émissions record qui nous détournent de la neutralité carbone

Cette forte sollicitation du charbon a entraîné des émissions de CO2 record pour la production d’électricité, en hausse de 7 %, après avoir diminué les deux années précédentes en raison de la pandémie de Covid-19. Or, "les émissions provenant de l'électricité doivent diminuer de 55 % d'ici 2030 pour atteindre notre scénario d'émissions nettes nulles (neutralité carbone, NDR) d'ici 2050" prévient l’AIE.

"En l'absence d'action politique majeure de la part des gouvernements, ces émissions devraient rester à peu près au même niveau au cours des trois prochaines années. Non seulement cela met en évidence à quel point nous sommes actuellement loin de la voie vers des émissions nettes nulles d'ici 2050, mais cela souligne également les changements massifs nécessaires pour que le secteur de l'électricité remplisse son rôle essentiel dans la décarbonation du système énergétique au sens large" a déclaré Fatih Birol, le directeur de l’AIE.

Pour 2022-2024, les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie diffèrent nettement. Celle-ci prévoit une croissance de la demande d'électricité limitée à 2,7 % par an en moyenne, bien que la pandémie de Covid-19 et les prix élevés de l'énergie apportent une certaine incertitude à ces perspectives. Les énergies renouvelables devraient croître de 8 % par an en moyenne, répondant à plus de 90 % de la croissance nette de la demande au cours de cette période. La production à base de combustibles fossiles devrait stagner dans les années à venir, la production au charbon diminuant légèrement et la production au gaz devant croître d'environ 1 % par an.    

Concepcion Alvarez @conce1

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