Le béton coule les fondations de sa transition écologique

Il y a 6 années 712

Le béton, omniprésent dans nos villes, est très émetteur de CO2. Les industriels veulent entamer sa révolution écologique. Granulats de béton recyclés permettant de stocker du CO2, béton autonettoyant, mur refroidissant ou capable de stocker la chaleur... Tout est possible, encore faut-il passer du laboratoire à la ville.

Il est partout. Dans les routes, les bâtiments, les ponts, les barrages, les tunnels… Le béton et le ciment, son principal composant qui fête son bicentenaire, ont révolutionné les paysages urbains. "C’est un matériau durable qui s’adapte aux besoins et aux demandes de la société", explique Raoul de Parisot, président du Syndicat Français de l’Industrie Cimentière (SFIC). Reste que les attentes environnementales sont fortes pour ce matériau dont l’utilisation croît chaque année.

En France, la fabrication du ciment a entraîné en 2013 l’émission de 20 millions de tonnes de CO2, soit plus de 2% des émissions totales du pays. Au niveau mondial, le ciment compte pour 5 à 7 % des émissions. Cette activité affiche un bilan carbone parmi les plus élevés de l’industrie. Et pourtant, "nous avons réduit de 39% nos émissions de CO2 depuis 1990", assure Raoul de Parisot. "Le ciment de demain s’annonce plus "vert" et encore plus performant", promet-il.

15 millions de tonnes de C02 stockées grâce au béton recyclé

Selon le SFIC, les cimentiers cherchent à avoir un moindre impact écologique via la recherche de composants alternatifs pour la fabrication, en favorisant l’économie circulaire. En parallèle, ils visent l’utilisation de process consommant moins d’énergie et le déploiement de technologies de piégeage du CO2.

Ainsi, il est aujourd’hui possible de réutiliser l’intégralité des matériaux issus des bétons de déconstruction pour refaire du béton neuf. Une technique qui permet de ne plus puiser une nouvelle fois dans les granulats naturels (sable, gravillons…) et de profiter de  la déconstruction de milliers de bâtiments des années 1950 à 1980 qui arriveront bientôt en fin de vie.

D’autant plus important que les Granulats de Béton Recyclés (GBR) constituent un puits de stockage de CO2. "L’idée est de les traiter quasiment naturellement afin qu’ils piègent un maximum de gaz carbonique", explique Laurent Izoret, directeur délégué de l’Association Technique de l’Industrie des Liants Hydrauliques (ATILH). Encore en phase de recherche, ce procédé, appelé "recarbonatation", permettrait de stocker 15 millions de tonnes de CO2 pour 100 millions de tonnes de GBR.

Un béton intelligent à énergie positive

Au-delà du recyclage, le secteur mène des recherches sur le "Smart Concrete" (le béton intelligent). Les ingénieurs ne manquent pas d’imagination. Ces bétons auto-ajustables pourraient réagir différemment en fonction de l’environnement. Par exemple, ils pourraient réguler la température en changeant de couleur (clair l’été pour être réfléchissant et sombre l’hiver pour capter la chaleur). Ce qui permettrait une réduction de la consommation énergétique des bâtiments.

De même, les bétons auto-réparants pourront combler une fissure sous l’effet de l’humidité. Les bétons autonettoyants pourraient aussi détruire les corps gras, comme le diesel. "C’est la voie de l’avenir", s’enthousiasme Raoul de Parisot, "Le tout est de savoir mettre à profit les propriétés du béton, comme son inertie thermique pour concevoir des immeubles à énergie positive". 

Marina Fabre @fabre_marina

*Calcia HeidelbergCement Group, Lafarge France, Kernéos, Eqiom CRH et VVicat

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