Les énergies renouvelables vont générer plus de 14 milliards d’euros de revenus pour l’État sur deux ans

Il y a 1 année 852

Face à l'envolée des prix de l'électricité, les énergies renouvelables (ENR) tirent leur épingle du jeu. Régulièrement accusées d'être subventionnées, elles font cette fois la preuve de leur compétitivité et de leur intérêt. En effet, grâce au mécanisme de complément de revenu, quand les prix du marché sont supérieurs à un prix cible fixé à l'avance, ce qui est le cas en ce moment, ce sont les producteurs d'ENR qui versent à l’État la différence. Pour 2021 et 2022, la filière va ainsi rapporter 14,4 milliards d'euros à l’État.

En 2021, 81 % des nouvelles capacités énergétiques installées dans le monde étaient des énergies renouvelables, selon les données de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). Une croissance qui s’explique par la baisse de leurs coûts et une compétitivité accrue face notamment aux énergies fossiles. Une réalité qui se concrétise de façon très pragmatique en France puisque les acteurs du secteur estiment qu’en 2021 et 2022, les énergies renouvelables vont rapporter 14 milliards d’euros à l’État.

Comment est-ce possible ? La clé réside dans le mécanisme de complément de rémunération qui s’applique à l’électricité renouvelable. Lorsque les prix du marché sont inférieurs au prix cible fixé lors de l’attribution du projet, l’État verse un complément de rémunération au producteur de renouvelable, ce qui a toujours été le cas jusqu’à présent. Mais à l’inverse, quand les prix du marché sont supérieurs au prix cible, c’est le producteur qui verse à l’État la différence. C'est la situation dans laquelle on se trouve en ce moment.

"Le mécanisme de complément de rémunération n’est pas une subvention de l’État"

Les prix de l’électricité explosent depuis plusieurs mois, avec un prix moyen autour de 110 euros le mégawattheure (MWh) en 2021 et 231 euros/MWh sur le premier trimestre 2022, contre des prix cibles aux alentours de 60 euros/MWh. Dès lors, pour la première fois, le coût de l’énergie renouvelable est bien inférieur au coût du marché. Pour 2021 et 2022, la filière va permettre à l’État d’économiser 8,4 milliards d’euros qu’il a ou qu’il aurait dû verser conformément aux prévisions. S’y ajoutent 6 milliards d’euros de recettes excédentaires versés par les exploitants d’énergies renouvelables électriques, dont 3,7 pour le seul éolien.

"Le mécanisme de complément de rémunération n’est pas une subvention de l’État aux producteurs d’énergie éolienne ; c’est au contraire un vecteur de rééquilibrage : plus les prix de l’électricité sont élevés, plus l’éolien reverse au budget de l’État. Ce sont des ressources qui contribuent directement aux mesures de protection du pouvoir d’achat des Français. Oui, Les énergies renouvelables et en particulier l’éolien sont des outils de protection pour les ménages Français", affirme Anne-Catherine de Tourtier, présidente de France Energie Eolienne (FEE).

À ce rythme, si les prix du marché restent élevés, ce qui semble se profiler pour les années à venir, la filière éolienne aura reversé d’ici la fin 2024, l’équivalent de l’ensemble du soutien public qu’elle a reçu depuis 2003. "Il est grand temps de sortir des fantasmes et des postures, la réalité est nette : l’éolien est avant tout utile à la France et au pouvoir d’achat des Français. Les renouvelables ne coûtent pas, elles rapportent", ajoute Michel Gioria, délégué général de FEE.

En France, l’éolien terrestre au cœur d'un bras de fer

La capacité mondiale des énergies renouvelables a augmenté de 9,1 % en 2021, selon l’Irena, avec une hausse de 19 % pour le solaire et de 13 % pour l’éolien. Plus de la moitié des nouvelles capacités ont été ajoutées en Asie. La Chine a été le principal contributeur, suivie de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Mais cette tendance, si elle est encourageante, est encore loin d’être alignée avec ce qu’il faudrait faire pour éviter les conséquences désastreuses des changements climatiques.

En France, l’éolien terrestre notamment se trouve au cœur d'un véritable bras de fer, exacerbé par la campagne présidentielle. Le président réélu Emmanuel Macron a annoncé des objectifs volontairement moins ambitieux pour cette énergie avec un doublement de la puissance actuelle non plus d'ici 2030 mais d’ici 2050. La bataille se joue aussi dans les rangs du Parlement. La loi 3DS relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et la simplification, a créé un nouvel article du code de l’urbanisme qui permet aux collectivités de définir des zones autorisant ou non l’implantation d’éoliennes dans leur plan local d'urbanisme. Le député Matthieu Orphelin y voit "un grave recul pour la transition énergétique dans l’indifférence générale". 

Concepcion Alvarez @conce1

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