Les entreprises françaises de plus en plus nombreuses à se brancher sur les énergies renouvelables

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Publié le 21 février 2020

Deux tendances se dégagent nettement sur le marché des énergies renouvelables : l’autoconsommation individuelle et les PPA (Power Purchase Agreement), des contrats d’approvisionnement de gré à gré entre le client et le fournisseur d’énergie. Les deux dispositifs sont de plus en plus plébiscités par les entreprises françaises qui voient ainsi une façon de réduire leur empreinte carbone et de s’aligner avec l’Accord de Paris.

Un circuit fermé. C’est ce qu’a mis en place l’enseigne de mode à bas prix Gémo. Son magasin de Trignac, près de Saint-Nazaire, a été choisi pour un projet d’autoconsommation individuelle. Plus de 300 mètres carrés de panneaux photovoltaïques ont été installés sur une ombrière de parking. Ils sont directement reliés au magasin et fournissent 40 % de sa consommation électrique annuelle, soit 47 000 kilowattheures, le reste provenant du fournisseur d’énergie verte Enercoop. L’installation permet ainsi d'éviter l'émission de 2,6 tonnes de CO2.

Le petit plus ? Le surplus d’électricité qui n’est pas utilisé le dimanche, quand le magasin est fermé, est stocké dans des batteries de véhicules électriques de seconde vie. Une première en France. "Grâce à ces batteries, nous arrivons à consommer 90 % de notre production électrique, précise Luc Robet, responsable Énergie et Environnement pour Gémo. Elles permettent en outre d’alimenter le magasin les jours sans soleil. Et nous proposons également à nos clients de recharger gratuitement leur voiture électrique pendant les heures d’ouverture grâce à deux bornes installées." 

Émergence de l’autoconsommation

L’investissement de 140 000 euros doit être amorti dans dix ans. "L’expérimentation va durer un an mais on ne va pas attendre la fin pour étendre le dispositif à d’autres magasins voire mêmes à nos entrepôts et faire des émules chez nos confrères", lance Luc Robet. D’autres acteurs de la grande distribution comme Casino, Leclerc, Carrefour, Castorama, Auchan, ou encore Leroy Merlin, commencent eux aussi à couvrir leurs toits et parkings de panneaux solaires.

Parmi les plus engagés, Ikea a recouvert la moitié de ses quarante sites français de panneaux solaires et produit 131 % de sa consommation. "Mais nous ne savons pas quoi faire de notre surconsommation, ce qui nous oblige à réduire la taille de nos installations. C’est totalement contre-productif alors que nous devons aller vers plus de renouvelables", regrette Philippe Grimaux, directeur Maintenance et Services Généraux chez Ikea France.

"Nous vivons sous des injonctions contradictoires, reconnaît Richard Loyen, délégué général d’Enerplan. Injecter des électrons dans le réseau a un coût tellement élevé aujourd’hui que les entreprises préfèrent brider leurs installations et perdre le surplus d'électricité produit plutôt que de le réinjecter. Cela revient moins cher même si c’est un gâchis pour la transition écologique. Il faudrait faire évoluer le cadre."

Les PPA débarquent en France

Outre l'autoconsommation, un autre dispositif a le vent en poupe. Tout droit débarqués des États-Unis, les PPA (Power Purchase Agreement) sont des contrats d’approvisionnement en énergie renouvelable passés de gré à gré entre l’entreprise et le fournisseur d’énergie. Engie parie largement dessus pour booster son business model. Il prévoit ainsi que la moitié de ses nouvelles capacités renouvelables installées d’ici 2021 (4,5 gigawatts) feront l’objet de PPA. "L’énergie n’est plus vendue à un État à un prix fixe mais directement à un client au prix du marché sur une durée généralement plus courte" explique Thierry Kalfon, directeur général de la Global Business Line Renouvelables d'Engie.

Le Français a déjà signé plusieurs PPA outre-Atlantique, notamment avec Walmart pour des projets éoliens et il est en discussion avec plusieurs groupes en France. Dans l’Hexagone, plusieurs entreprises ont déjà franchi le pas. Le premier PPA a été signé par Metro avec Agregio, filiale du groupe EDF, en mars dernier, pour un volume de 25 gigawatts d’éolien et une durée de trois ans. En juillet, la SNCF a signé un plus gros PPA avec Voltalia d’une capacité de près de 150 mégawatts sur 25 ans. La banque Crédit Mutuel vient également de signer un contrat avec Voltalia pour la construction d'une centrale solaire dédiée, qui lui apportera 5 % de ses besoins en électricité, sur vingt-cinq ans.

"Il y a une prise de conscience de plus en plus forte des entreprises et industriels pour intégrer les énergies renouvelables" constate Gwenaël Guyonvarch de l’Ademe. À ce jour, 221 entreprises dans le monde ont rejoint le réseau RE100 et s’engagent ainsi sur un objectif 100 % renouvelable d’ici 2028 en moyenne et au plus tard en 2030. Parmi les dernières à avoir rejoint l’initiative, on trouve Pernod Ricard, Dell, ou encore Ralph Lauren.  

Concepcion Alvarez, @conce1

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