Les majors pétrolières engrangent des milliards, mais plus des superprofits

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Qu'il semble loin le temps des superprofits. Après des résultats en berne cet été, les majors pétrolières ont de nouveau communiqué des résultats en forte baisse au 3e trimestre 2023. C'est le cas du géant italien Eni, qui a vu son bénéfice net chuter de 67% à 1,91 milliard d'euros. Outre-Atlantique, Chevron a également annoncé ce vendredi 27 octobre un bénéfice net en baisse de 42% sur un an, à 6,53 milliards de dollars, et un chiffre d'affaires en baisse de 18,3%, à 51,9 milliards de dollars.

Son concurrent ExxonMobil ne fait pas mieux. Le géant du pétrole et du gaz a dégagé un bénéfice net de 9,07 milliards de dollars, contre un record de 19,66 milliards un an plus tôt. Le chiffre d'affaires est, lui, tombé de 112 milliards de dollars au troisième trimestre 2022 à 90,76 milliards sur la même période de l'exercice en cours. Seul TotalEnergies s'est maintenu, avec un bénéfice stable de 6,7 milliards de dollars.

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Des résultats en baisse mais "solides"

Pour autant, les marchés ne semblent pas particulièrement fébriles. Après les deux communications du jour, l'action Chevron reculait de 1,1% dans les échanges électroniques précédant l'ouverture de la Bourse de New York. L'action d'ExxonMobil progressait, elle, de 0,14%. Les résultats des géants des hydrocarbures sont surtout en train de retrouver une trajectoire "normale", après une année 2022 portée par la flambée des prix de l'énergie liée à la guerre en Ukraine. Depuis début 2023 à l'inverse, le cours des hydrocarbures est à la baisse. C'est pourquoi Darren Woods, patron du groupe ExxonMobil, s'est malgré tout montré satisfait des résultats de son groupe, estimant avoir produit "un autre trimestre de performances opérationnelles, de résultats et de flux de liquidités solides".

Difficile toutefois d'imaginer reproduire les résultats records de l'année dernière. Les cinq majors occidentales avaient engrangé ensemble pas moins 151 milliards de dollars de bénéfices il y a un an. Le géant pétrolier saoudien Aramco affichait même à lui seul un bénéfice de 161 milliards de dollars de bénéfices en 2022. 

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Le poids de l'instabilité au Moyen-Orient

Ce serait sans compter sur la situation au Moyen-Orient. Dernier épisode en date: les cours des deux références mondiales du brut sont en hausse ce vendredi, "en raison des frappes aériennes américaines en Syrie qui ont accru les tensions au Moyen-Orient" et des avertissements de l'Iran aux Etats-Unis, expliquent les analystes de DNB. 

L'attention du marché pétrolier "se porte particulièrement sur l'Iran, qui pourrait décider d'intervenir dans le conflit", ajoute Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank. Rien d'étonnant, car le pays "a augmenté sa production quotidienne de pétrole d'environ 500.000 barils au premier semestre et représente à nouveau 10% de la production de l'Opep" (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole). Or cet afflux d'or noir s'est révélé déterminant pour contenir les prix dans un contexte d'offre tendue après les réductions de production et d'exportations de certains membres de l'Opep et leurs alliés. Les investisseurs redoutent donc un nouveau resserrement de l'offre en cas d'implication de Téhéran dans la guerre entre Israël et le Hamas. Mais qui pourrait se traduire dans les mois à venir par une nouvelle flambée des prix... et des superprofits? 

Des milliards d'investissements

Si les marchés n'ont pas sanctionné ExxonMobil et Chevron pour leurs mauvais résultats, ils ne semblent pas non plus les avoir récompensées outre mesure pour leurs récentes acquisitions. Celles-ci sont pourtant conséquentes. Après le producteur de pétrole brut et de gaz naturel américain PDC, Chevron a annoncé il y a quelques jours le rachat de son compatriote Hess (gaz et pétrole), pour 53 milliards de dollars.
De son côté, ExxonMobil a misé sur le "verdissement" de son activité et vient de déclencher une transaction à 60 milliards de dollars pour acquérir Pioneer Natural Resources (pétrole et gaz de schiste). Cette transaction doit permettre "d'augmenter la production dans le bassin permien aux États-Unis, de renforcer la sécurité énergétique et d'accélérer le chemin de Pioneer vers la neutralité carbone", précise le communiqué. Et ce dès 2035. Le groupe a également annoncé en juillet le rachat de Denbury, société américaine spécialisée dans la captation de CO2 valorisée 4,9 milliards de dollars. La finalisation de l’opération est attendue pour début novembre et celle-ci a vocation à renforcer sa branche Low Carbon Solutions en offrant à l'industrie de la côte du Golfe du Mexique une capacité de réduction de 100 millions de tonnes de CO2.

(avec AFP)

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