New Wind, un vent de fraîcheur dans le secteur éolien

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Publié le 26 septembre 2014

C'est dans un square que Jérôme Michaud-Larivière a eu l'idée de créer un "arbre à vent". Cette idée d'une éolienne en forme d'arbre a surgi en lui lorsqu'il s'est aperçu que les feuilles d'un arbre bougeaient alors qu'il n'y avait pas de vent. Les premiers exemplaires de ses "arbres à vent" seront vendus début 2015. Ils pourraient à terme bouleverser le marché de l'éolien. Rencontre avec le fondateur de New Wind, la société bretonne à l'origine de cette "ENI" (éolienne non identifiée).

Vous souvenez-vous du moment où le concept de l'arbre à vent s'est constitué dans votre esprit?

Jérôme Michaud-Larivière: J'étais assis sur un banc et je regardais un arbre. J'ai vu ses feuilles frémir alors qu'il n'y avait pas d'air du tout. C'est aussi bête que ça. Je me suis alors demandé d'où venait cette énergie et s'il était techniquement possible de la capter.

Quel était le contexte ?

J.M.-L: Nous étions en 2011, juste après la catastrophe nucléaire de Fukushima. C'est à ce moment-là que j'ai eu le sentiment que l'électricité était en train de devenir un enjeu majeur, alors même que l'avenir de la filière nucléaire semble en suspens. Depuis cette date, le prix du kilowattheure (kWh, NDLR) n'a cessé de progresser, car les usages se multiplient et que le nombre d'utilisateurs est de plus en plus élevé. Aujourd'hui, 1,6 milliard de personnes sont en attente d'électricité. Il existe aussi une utilité sociale à l'électricité, surtout dans les pays en développement. Et puis mettre un médicament au réfrigérateur, cela peut permettre de sauver des vies. Je n'ai pas été capable de m'imaginer une industrie nucléaire propre. Des milliards d'euros sont investis dans la recherche, en particulier sur la pile à hydrogène, mais les résultats tardent à se concrétiser. Ces circonstances doivent nous pousser à trouver des solutions radicalement différentes. Je pense que cela viendra d'initiatives multiples et très locales. Des solutions évidemment propres et renouvelables. 

D'un point de vue technique, comment fonctionne votre éolienne?

J.M.-L: Le vent fait bouger les feuilles qui tournent sur leur axe. Sous cette feuille se trouve un générateur qui est associé à la pale. Le courant traverse ensuite les branches et le tronc, puis passe par un onduleur avant d'alimenter une maison ou une station de recharge. Nous sommes aujourd'hui capables de produire du courant aux normes actuelles. C'est une solution qui est très simple d'un point de vue technique.

De quelle matière sont faites les feuilles de vos arbres?

J.M.-L: Elles sont fabriquées à base de plastique. Elles pèsent 3,5 kilos. Il s'agit d'un polymère qui s'appelle l'Asa. Mais il n'est pas exclu que l'on fasse évoluer les composants de l'arbre vers des matières plus écologiques. A terme, il est probable que l'on équipe nos arbres de voiles qui remplaceraient le plastique.

Votre solution prend à contre-pied le modèle industriel dominant dans le secteur de l'éolien...

J.M.-L: Les filières du secteur éolien sont assez désorganisées. Il n'y a en réalité qu'un seul type de machines. Elles sont installées loin des villes alors que la population à l'échelle mondiale est de plus en plus citadine. En 2040, 75% des humains vivront en ville. Le coût du transport et de l'énergie ainsi produite est également très onéreux, ce qui augmente le montant de la facture pour le consommateur. Et puis en France, les éoliennes suscitent désormais l'hostilité, comme en atteste le nombre de procédures judiciaires pour tenter de mettre un terme à des projets en cours d'implantation. C'est dommage qu'une telle idée soit devenue si impopulaire. Pour dépasser cet obstacle, la réponse c'est la micro-électricité. Le danger était aussi de ne pas produire assez de courant en milieu urbain, là où on en a le plus besoin.

Quelles sont aujourd’hui vos capacités de production?

J.M.-L: Nous avons déjà enregistré des commandes. Nous installerons nos premiers arbres chez les clients qui ont précommandé l’une de nos éoliennes en début d’année prochaine (2015, NDLR). Mais nous ne pouvons pas encore produire à grande échelle. Nous sommes actuellement en négociation avec des acteurs industriels d'envergure afin de pouvoir répondre à la demande du marché qui est très forte. Nous pourrons probablement répondre à ce type de demandes en 2016.

Combien coûte un arbre à vent?

J.M.-L: 29 500 euros pour une éolienne ayant une capacité de 3,5 kWh de puissance installée.

Etes-vous toujours à la recherche d’investisseurs?

J.M.-L: D’ici la fin de l’année, nous allons organiser une levée de fonds de 2 millions d’euros. Cette somme servira à engager des commerciaux et à poursuivre les développements techniques du projet. Que ceux qui ont les poches profondes n’hésitent pas à nous contacter ! (rires)

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