Le "monde d'après" est peut-être déjà derrière nous. Un rapport de l'Agence International de l'Energie (AIE), publié mi-avril alerte sur un boom des émissions des CO2 liées à l'énergie qui pourraient rejoindre leur niveau d'avant la pandémie. En cause : la reprise de la demande mondiale pour les combustibles fossiles, et en particulier le charbon, qui atteint des records.
Chassez le naturel, il revient au galop. Les émissions de gaz à effet de serre liées à la production et à la consommation d'énergie devraient rebondir au point de frôler en 2021 leur sommet d'avant Covid-19, estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport publié le 20 avril. En cause : la reprise de la demande mondiale pour tous les combustibles fossiles. "Voilà un sombre avertissement, qui montre que la reprise économique après la crise du Covid est à ce jour tout sauf soutenable pour notre climat", a souligné le directeur de l'AIE Fatih Birol, dans un communiqué.
Après un repli historique de 5,8% en 2020, conséquence de la pandémie et des mesures de confinement, les émissions liées à l'énergie, environ les trois quarts du total mondial, devraient connaître cette année un rebond de 4,8 %. Soit 1,2 % seulement sous le niveau des émissions de 2019. "L'accélération du déploiement des vaccinations contre le Covid-19 dans de nombreuses grandes économies et les réponses fiscales généralisées à la crise économique stimulent les perspectives de croissance économique et conduisent à un rebond de la demande d'énergie en 2021", explique le rapport dans son introduction. Ce serait la deuxième plus forte hausse annuelle jamais enregistrée pour les émissions de CO2, après le rebond post-crise financière en 2010.
La demande en charbon approche le pic historique de 2014
Selon le rapport, toutes les énergies fossiles devraient voir leur demande augmenter "significativement" en 2021, et notamment le charbon, le plus émetteur de tous, dans les pays émergents. Celle-ci devrait croître de 4,5 %, dépassant son niveau de 2019 pour approcher ses sommets de 2014. La demande de gaz devrait également aller au-delà de son niveau pré-Covid-19. La situation est cependant différente pour le pétrole : si la demande repart fortement, elle devrait rester 3 % en dessous de son niveau le plus haut de 2019 du fait des incertitudes pesant sur le secteur aérien.
Du côté des renouvelables, la demande serait également au rendez-vous. La production électrique devrait croître de 8 %, pour fournir quelque 30 % de l'électricité mondiale, contre moins de 27 % en 2019. Celle issue du solaire et de l'éolien pourrait en particulier connaître un niveau annuel record avec une hausse respective de 18 % et 17 % par rapport à 2020. La Chine représente environ la moitié de ces progrès. La croissance de la demande en charbon reste cependant 60 % supérieur à celle des énergies vertes dans le monde. "À moins que les gouvernements n'agissent rapidement pour commencer à réduire les émissions, alerte le directeur de l'AIE, il est probable que nous affrontions une situation pire encore en 2022".
Pauline Fricot, @PaulineFricot avec AFP